Apprendre à avoir une relation saine avec son corps et la nourriture : ça commence tôt !


Apprendre à avoir une relation saine avec son corps et la nourriture : ça commence tôt !
Introduction
Généralement, en tant que parents, on s’inquiète beaucoup durant la période du nourrisson et de la petite-enfance (0-5 ans) lorsque notre enfant mange très peu. On se demande si notre petit amour manque d’un élément nutritif, on se décourage à l’idée de le voir repousser tous les légumes dans son assiette et on se ronge les ongles quand ils sautent un repas complet ! Puis, plus tard, vers le début de l’adolescence, on devient inquiet pour de tout autres raisons : on est impressionné de les voir vider notre réfrigérateur, on a l’impression qu’ils mangent trop et que leur corps prend des formes, ou encore, on panique parce que notre fille ou notre garçon se cache pour manger des bonbons (on découvre même des emballages de tablettes de chocolat sous leur lit)!
Toutes ces situations témoignent de la relation que nos enfants développent face à la nourriture et à leur image corporelle. Selon nos réactions parentales, parfois même bien inconscientes, on peut favoriser ou défavoriser cette relation. Parfois, c’est très subtil, car nous-mêmes sommes victimes de pression sociale à vouloir atteindre un idéal de corps mince. Nous vivons dans une société imprégnée de la culture des diètes. Il peut tout à fait nous arriver de lancer un : « Oh ! Je vais cacher les croustilles dans le haut de l’armoire pour ne pas trop en manger ! » tandis que notre enfant joue dans la cuisine tout près de nous. Comme ils sont de vraies éponges, nos mini-humains absorbent toutes ces particules d’informations pour se forger une opinion sur la nourriture. Et ça, c’est sans compter toutes les princesses minces qu’ils voient apparaître à la télévision, ou encore, les superhéros ultra-musclés qu’ils dessinent dans leurs cahiers à colorier.
Vous êtes le parent, et très tôt (oui, oui, même dès l’âge de 6 mois !), vous pouvez poser de simples gestes ou formuler des phrases qui permettront à vos tout-petits de se détacher de la pression sociétale à maigrir, tout en les aidant à développer une relation positive avec les aliments et leur image corporelle.
Le saviez-vous?
- C’est dès l’âge de 5 ans qu’un enfant peut commencer à démontrer une insatisfaction envers son corps.
- Le tiers des jeunes filles d’environ 9 ans ont déjà tenté de perdre du poids.
Dans la réalité…
Au jour le jour, il peut être difficile de remarquer les situations lors desquelles on influence nos enfants à adopter des comportements alimentaires malsains ou à développer une insatisfaction envers leur image corporelle. On vous propose ici un tableau avec des situations concrètes, selon l’âge de votre enfant, avec des gestes ou des paroles à préconiser ou à éviter. Rappelez-vous que même si vous avez déjà mentionné des propos qu’on vous suggère ici d’éviter, inutile de vous culpabiliser. Il nous arrive à tous, en tant que parents, de parler sans réfléchir ou d’agir sous l’influence de nos émotions. Après tout, nous sommes humains ! Votre enfant ne sera pas « bousillé » pour autant. Soyez doux avec vous-mêmes, vous faites toujours de votre mieux…
Situation selon l'âge de votre enfant.
Situation selon l’âge de votre enfant
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À faire ! | À éviter… |
6 mois : votre bébé commence à manger des aliments solides et vous vous inquiétez, car vous trouvez qu’il mange très peu comparativement au bébé de votre amie.
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Dites-vous que chaque bébé est unique, et que depuis sa naissance, votre poupon est capable de réguler ses besoins en écoutant sa faim. Faites-lui confiance, il mangera peut-être plus la semaine prochaine. Sa faim dépend de sa croissance, de son humeur, de son état de fatigue, etc.
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Vous vous morfondez à l’idée qu’il ne mange pas assez (et puis, vous vous dites que s’il mangeait plus, cela l’aiderait à faire ses nuits). Vous le forcez donc à manger un peu, en introduisant une cuillère de céréales dans sa bouche.
Attention ! Vous encouragez bébé à manger au-delà de son appétit, et puis, il risque de trouver cela désagréable au moment des repas puisqu’il mangera « de force » et pourrait avoir des nausées ou maux de ventre associés à la prise alimentaire. Au fait, votre bébé ne dormira pas plus en mangeant davantage. C’est un mythe !
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1 an : c’est jour de fête pour bébé ! Il y a des friandises et du gâteau au menu aujourd’hui, alors que bébé n’a jamais mangé autre chose que des aliments peu ou pas transformés (légumes, fruits, céréales, yogourt, etc.).
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Même si votre bébé doit avant tout privilégier les aliments nutritifs et peu transformés, il est tout à fait normal d’offrir des friandises de temps à autre. Ces aliments pourraient même être offerts au-delà des occasions spéciales pour éviter de leur donner un aura « festif » très attrayant. Bébé a tout à fait le droit de goûter à un gâteau plus sucré ou à des croustilles soufflées au fromage, pour autant que ces aliments soient offerts avec d’autres durant la semaine, comme des légumes, des fruits, du yogourt, etc.
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Vous dites haut et fort que c’est la journée des « cochonneries », et que vous avez jeûné la moitié de l’avant-midi pour vous permettre de manger du gâteau avec votre bébé ! Vous offrez du gâteau aux invités, mais proposez seulement une cuillère à votre bébé avec des fruits en à-côté (pas question qu’il se mette à trop aimer le chocolat !)
Attention ! Vous entretenez l’idée qu’il existe de « mauvais » et de « bons » aliments. Cette vision dichotomique de l’alimentation incite les enfants, même aussitôt qu’à 1 an, à développer une attirance pour les aliments « interdits », et donc, à vouloir un jour se cacher pour en manger.
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2 ans : Votre enfant de deux ans est très difficile à table et refuse de manger son souper, mais demande un dessert quelques minutes après.
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Vous lui dites qu’il peut seulement goûter aux aliments qu’il a dans son assiette, et que s’il n’aime pas cela, il n’est pas obligé d’en manger. Puis, s’il a faim un peu plus tard, il y aura effectivement une collation après le repas.
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Vous négociez avec lui. Vous lui dites que vous avez mis tant d’efforts à préparer ce repas, que vous seriez tellement heureuse et fière s’il mangeait ses légumes ! Puis, vous lui expliquez que s’il ne mange pas au moins 5 bouchées, il n’aura pas droit à son dessert.
Attention ! Vous mêlez « alimentation » et « émotion ». Manger sert avant tout à combler la faim, et non pas à rendre heureux autrui ! Qui plus est, vous mettez le dessert sur un piédestal et rendez ce dernier plus attirant que les légumes. L’expérience au repas est négative et l’atmosphère est tendue.
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6 ans : vous vous regardez devant le miroir en essayant de nouveaux vêtements, et votre fille est avec vous dans votre chambre.
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Vous dites que vous aimez porter des vêtements de cette couleur, vous êtes confortable et vous vous sentez invincible dans ce nouvel ensemble ! Vous invitez votre fillette à se regarder elle aussi, et à admirer son corps unique : « Tu as de magnifiques yeux bruns. As-tu vu ton petit nez retroussé ? Tu as de la chance d’avoir de grandes mains qui te permettent de jouer ! »
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Vous poussez un soupir en vous tâtant le ventre. Vous dites à votre fille : « Ce n’est pas facile ma chérie, maman va devoir aller s’entraîner si elle veut être en santé et se sentir mieux ». Quelques minutes plus tard, vous descendez avec elle à la cuisine pour la collation, mais vous évitez de manger, car vous craignez de gagner du poids.
Attention ! Même à 6 ans, un enfant peut comprendre que pour être heureux, il faut vivre dans un corps mince et que le fait de se priver de nourriture permet d’atteindre cet objectif.
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Le début des troubles alimentaires
On peut voir apparaître très tôt des signes de troubles alimentaires chez les enfants. Il peut aussi arriver que votre chérubin présente ce qu’on appelle une dysmorphie corporelle, c’est-à-dire, une préoccupation excessive face à un élément de leur apparence physique (par exemple, ne pas aimer leurs jambes ou leur ventre…) Ensemble, l’insatisfaction face à leur corps et le sentiment de pouvoir « contrôler » son apparence via la nourriture incitent même de jeunes enfants de 7 ou 8 ans à modifier leur alimentation. Les signes à surveiller qui pourraient être annonciateurs d’un trouble alimentaire, telles l’anorexie ou la boulimie, sont :
- Des changements dans leur alimentation : se cache pour manger, dit qu’il ou elle n’a pas faim aux repas, prétexte qu’il ou elle a déjà mangé, refuse tous les desserts…
- Semble être un enfant isolé socialement, côtoie peu d’amis;
- Mentionne souvent qu’il ou elle se trouve laid ou gros;
- On remarque que notre enfant perd du poids de manière soudaine.
Deux troubles alimentaires plus fréquents vers l’adolescence sont la boulimie et l’anorexie. Dans le premier cas, le jeune adulte va manger d’énormes quantités d’aliments, puis, en raison d’un sentiment de honte et de culpabilité, cherche à se « purger » de ses prises excessives, soit via les vomissements ou l’entraînement excessif. Quant à l’anorexie, elle se caractérise plutôt par un désir de contrôler ses apports alimentaires, et donc, de manger très peu (ou pas!) pour maigrir au plus possible. Certains enfants peuvent tout de même avoir un trouble de comportement alimentaire qui n’entre pas dans les critères diagnostiques de la boulimie ou de l’anorexie, tout en demeurant très obsédés par la nourriture et leur image corporelle. Il importe malgré tout de rester aux aguets et de consulter un nutritionniste pédiatrique ou avec une expérience en trouble de comportements alimentaires pour aider votre enfant à ne pas entretenir ce trouble.
10 trucs concrets pour enseigner une relation positive avec son corps et la nourriture à vos enfants
- Parlez souvent de votre corps à votre enfant. Dites-lui que vous êtes fier ou fière d’avoir un corps en santé qui vous permet de jouer et bouger.
- Expliquez à votre tout-petit que les monsieurs ou les madames qu’il voit dans les magazines ou à la télévision n’ont pas des corps « normaux ».
- Exposez votre enfant à la diversité corporelle : montrez-lui des livres ou des photos de personnes de différentes tailles pour lui enseigner que le monde est riche de nuances !
- Ne cachez pas des aliments dans votre garde-manger. Laissez-les à la vue et vous verrez que tôt ou tard, ils deviendront moins attrayants aux yeux des enfants.
- Offrez plus souvent des aliments comme des biscuits, du chocolat ou des croustilles à vos enfants. Il ne s’agit pas d’en offrir tous les jours, mais du moins, ayez-en à la maison pour réduire le pouvoir d’attrait de ces aliments et les rendre plus « égaux » aux autres.
- Évitez de commenter votre corps ou celui des autres devant votre enfant. Même un petit « Oh wow, tu as maigri! » peut influencer son jugement de l’apparence corporelle. Et après tout, maigrir ne devrait pas être un élément de valorisation ! Parfois, maigrir signifie que le corps a besoin d’aide, ou qu’il est très malade…
- Encouragez votre enfant à manger à sa faim, et n’en faites pas un plat s’il ne termine pas son assiette.
- Mettez les repas au centre de la table : votre marmiton pourra se servir à sa guise, et avaler la juste quantité, selon son appétit !
- Vous pouvez indiquer une limite lorsque votre enfant semble très friand d’un aliment. Après 2 ou 3 biscuits au chocolat, s’il veut s’en servir un autre, expliquez-lui que c’est assez, et qu’il pourra en manger d’autres le lendemain. Mais, faites également la même chose pour tous les aliments : c’est tout aussi indiqué de ralentir votre enfant qui en est rendu à sa quatrième portion de brocoli…
- Incitez votre enfant à bouger dans le plaisir. Si maman court, c’est parce qu’elle aime ça, et non pas pour perdre du poids. Si papa fait du vélo, c’est pour le plaisir, et non pas pour avoir le moins de gras possible sur son ventre…