
Apprendre à avoir une relation saine avec son corps et la nourriture : ça commence tôt !
Lire l'article 29 juin 2021
Comme parent, on se questionne constamment sur l’évolution normale de la texture des aliments. Comment savoir si bébé est prêt à faire la transition de la purée aux petits morceaux? Que dois-je faire si bébé a des hauts de cœur ou refuse de manger une nouvelle texture?
Le lait maternel ou la préparation pour nourrissons comble les besoins nutritionnels de la plupart des bébés jusqu’à l’âge de 4 à 6 mois. Par la suite, les bébés auront généralement des besoins nutritionnels plus grands, qui doivent être comblés par des aliments qui auront de différentes formes et textures. Voici donc la réponse à tous les questionnements à propos de la texture idéale des aliments.
Chaque bébé est unique et a un stade de développement différent. Notre défi comme parent est de s’adapter à son rythme. Le meilleur truc pour évaluer correctement si bébé est prêt à manger des aliments ou de nouvelles textures, c’est de bien l’observer!
La plupart du temps, ça coïncide avec le moment où le lait maternel ou la préparation pour nourrissons n’est plus suffisant pour rassasier bébé. C’est souvent le cas s’il demande à boire plus souvent depuis plus de 5 jours et qu’il semble toujours avoir faim même s’il vide les deux seins de 8 à 10 fois en 24 heures ou même s’il boit plus de 40 oz par jour au biberon.
Généralement, un bébé qui est physiquement prêt à manger des aliments, en plus de ses boires, nous enverra quelques indices annonciateurs. On peut le faire sans risque quand bébé est capable de s’assoir bien droit sans aide, lorsqu’il est capable de se pencher vers l’avant, lorsqu’il soutient et contrôle sa tête, qu’il démontre de l’intérêt pour les aliments, qu’il soit capable de les prendre, de les porter à sa bouche et de tourner ou de faire “non” de la tête quand il n’a plus faim. Il est capable de repousser des objets dont il ne veut plus, ce qui démontre qu’il est capable de repousser une cuillère pour signifier qu’il n’a plus faim.
Manger requiert le développement de plusieurs sphères d’habiletés motrices. Si bébé a tout juste 6 mois ou un peu moins, il est possible que ses habiletés globales ne soient pas suffisamment développées pour qu’il soit en mesure de consommer des aliments en morceaux. Pour débuter l’alimentation complémentaire entre 4 et 6 mois, il est souhaitable de servir des purées à bébé. Une progression des textures peut se faire graduellement en débutant avec une purée lisse, une purée plus épaisse ou grossière, pour progresser avec une purée grumeleuse.
Fait à noter, le développement moteur des habiletés des mains suit en général la maturité du système masticatoire de la bouche. C’est donc dire qu’un enfant incapable de porter à sa bouche de la nourriture ne sera pas en mesure de mâcher correctement les morceaux. Si on y va avec un exemple concret, un enfant qui n’est pas capable de saisir une framboise ne sera pas capable de bien la mâcher en utilisant ses mâchoires latérales.
Règle générale
Si bébé peut prendre un aliment dans ses mains, il peut le manger. La texture idéale des aliments suit de façon linéaire le développement moteur des habiletés des mains et la maturité du système masticatoire de la bouche.
Le développement des habiletés motrices liées à la mastication a généralement une progression assez ordonnée et parallèle. Lorsque bébé commence à mastiquer entre 6 et 8 mois, on pourra observer un mouvement vertical de la bouche, de haut en bas, avec une utilisation très limitée des mâchoires latérales. La langue va aussi écraser les aliments au palais, mais n’est pas encore capable de se déplacer de côté pour aller à l’intérieur des joues.
C’est pourquoi on va privilégier à ce stade du développement les aliments mous, qui seront très faciles à écraser, même si bébé n’a pas encore de dents. Que ce soit des légumes bien cuits ou des fruits bien mûrs, on présente à bébé des aliments suffisamment gros, puisqu’à cet âge, il est encore impossible pour lui d’aller déloger des petits morceaux coincés dans ses joues.
Les bébés qui commencent à manger des morceaux ont des gencives super puissantes! Ils auront également une certaine facilité à gruger certains aliments solides avec leurs gencives, en les mâchonnant. Il faut s’attendre à quelques dégâts! Bébé va recracher les aliments, les reprendre, les sucer, les défaire en partie, les ramollir, les remâcher, et ce, jusqu’à ce qu’il soit rassasié (ou tanné de le manger).
Bon à savoir
Il est important d’utiliser l’âge corrigé des prématurés pour déterminer à quel moment, environ, on peut introduire les aliments. Par ailleurs, si un bébé semble présenter ou souffre d’un retard connu dans son développement, il est important qu’une évaluation plus poussée soit complétée afin d’offrir à son enfant les meilleures options possibles.
La DME connaît une popularité grandissante depuis quelques années. C’est une approche qui peut se pratiquer dès l’âge de 6 mois pour la plupart des bébés et qui introduit les aliments complémentaires tout de suite sous forme de morceaux. La DME permet aussi à l’enfant de découvrir les couleurs, les textures, les saveurs, les odeurs et les formes de différents aliments tout en développant sa motricité fine et sa coordination. Toutefois, il faut savoir que l’introduction des aliments ne se divise pas dans 2 camps. Toutes les textures, de la purée lisse aux petits morceaux, sont parfaitement compatibles avec la DME, et vice versa
Encore une fois, la taille des aliments offerts varie en fonction de l’âge, du stade de développement de la mastication et la capacité de préhension de bébé. Il faut observer son enfant et être à son écoute afin d’adapter son alimentation à son développement moteur. À titre indicatif, on peut identifier la taille des aliments en fonction de la capacité de préhension de bébé dans le tableau suivant. Mais on se rappelle toujours que peu importe l’âge, la taille des aliments doit toujours être adaptée aux habiletés de préhension de notre bébé, puisque ces dernières sont le reflet de ses habiletés de mastication.
Âge | Capacité de préhension | Taille de l’aliment |
Vers l’âge de 6 ou 7 mois |
Préhension à deux mains
Préhension avec le poing
Préhension avec le pouce et la paume |
Aliments en forme de bâtonnets, de lanières ou de croquettes qui dépassent du poing fermé du bébé |
Vers l’âge de 7 ou 8 mois |
Préhension avec quelques doigts |
Aliments de la grosseur d’une balle de golf |
Vers l’âge de 9 à 12 mois |
Préhension avec son pouce et son index (la pince) |
Aliments de la grosseur d’un dé et la cuillère adaptée préremplie peut être intégrée. |
Manger à l’aide d’une cuillère est une tâche qui demande une bonne coordination main-oeil. Pour les petites mains, cela demande beaucoup de pratique et d’entraînement! D’une part, bébé doit apprendre à y mettre de la nourriture, à porter la cuillère à sa bouche et à manger son contenu sans que tout ne se vide sur son plateau et sur sa bavette. Il peut donc être pertinent de laisser nos tout-petits se pratiquer avec de la purée et une cuillère adaptée à leur prise lorsqu’il semble prêt à le faire. Les enfants adorent imiter les adultes!
Autour de l’âge de 8 mois, nos bébés développent la capacité de faire bouger la langue un peu partout dans la bouche. Ils seront alors capables de déloger les petits morceaux d’aliments qui se seront logés dans leurs joues. C’est au même moment qu’on remarque que le bébé est capable d’utiliser ses gencives de côtés et de mâcher des aliments plus durs comme de la viande. C’est donc le bon moment d’introduire des textures un peu plus dures et des morceaux de petite taille. On observe bien comment bébé réagit lorsqu’on lui présente une nouvelle forme ou une nouvelle texture. Selon sa réaction, il sera peut-être préférable de l’introduire à un autre moment, lorsque ses capacités seront plus développées.
Parfois, bébé peut refuser de manger des morceaux. C’est normal! C’est possible qu’il ne soit pas prêt ou qu’il soit craintif devant la nouveauté. Dans tous les cas, il ne faut jamais le forcer à manger.
Pour l’aider à apprivoiser les textures et les morceaux, on peut le laisser porter lui-même les aliments à sa bouche. C’est une façon pour lui de se les approprier. On peut aussi faciliter les choses en lui offrant des aliments déjà bien connus pour lui, qu’il mange souvent sous forme de purée. Il aura donc un repère visuel, gustatif et olfactif lorsqu’il les mangera en morceau. On n’oublie pas de créer une ambiance calme et détendue au repas. Bébé peut être facilement distrait et être beaucoup plus intéressé à ce qui se passe autour de lui qu’à son morceau de brocoli!
On se rassure! Le réflexe nauséeux est un mécanisme biologique tout à fait normal qui protège naturellement nos tout-petits de l’étouffement. Cela arrive lorsque des aliments se déplacent trop loin dans la bouche ou dans la gorge de bébé. Cela ne veut pas automatiquement dire que bébé n’aime pas les aliments qui lui sont présentés ou que la texture n’est pas adaptée à son âge. Il ne faut pas oublier que bébé apprend à manger!
Toutefois, il ne faut pas négliger les signes de refus, les haut-le-cœur ou les vomissements qui persistent, que ce soit au toucher, à la vue ou à l’ingestion des aliments. Il faut en parler rapidement à son médecin, qui peut nous orienter vers les ressources appropriées. Plus ce problème est pris en charge tôt dans la vie de bébé, mieux et plus vite il sera réglé.
Bon à savoir
Si notre enfant refuse toujours de manger des morceaux autour de l’âge de 18 mois, il est préférable de consulter un médecin afin d’évaluer la présence d’une hypersensibilité au niveau de la sphère orale.
Certains aliments ont une forme ou une texture qui demeure risquée jusqu’à l’âge de 4 ans. Ce sont ceux qui sont durs, petits, ronds, lisses et collants. Ceux-ci peuvent rester pris dans la gorge de nos bébés et bloquer ses voies respiratoires.
Ainsi, les lignes directrices officielles recommandent avant l’âge de 2 ans de retirer les os de la viande et les arêtes du poisson, de couper les raisins frais en 4, de retirer le cœur, les pépins et le noyau des fruits et de râper les légumes ou les fruits crus et durs comme la carotte, le navet et les pommes.
Jusqu’à l’âge de 4 ans, on évite les arachides et les noix entières, les graines, les bonbons durs, les pastilles contre la toux, le maïs soufflé, la gomme à mâcher, les raisins frais entiers, les raisins secs, les rondelles de saucisse, les carottes et le céleri crus, les aliments piqués sur un cure‑dents ou sur une brochette, et cubes de glace, entre autres.
Mots de Annie Ferland, nutritionniste & docteure en pharmacie
Collaboration à la recherche & rédaction par Mara Hannan-Desjardins, nutritionniste